Menu

Mon histoire, pourquoi j'ai créé agorafob.

Je suis Faustine, j’ai 30 ans et j’ai toujours vécu avec l’agoraphobie. Pourtant, on ne naît pas agoraphobe. C’est quelque chose qui s’installe doucement, presque en silence, jusqu’à prendre une place immense dans le quotidien.


J’étais une petite fille au sourire lumineux, toujours poli, toujours présent. Mais derrière ce sourire se cachait une grande sensibilité. J’étais introvertie, réservée, souvent en retrait. 
Le monde extérieur, trop bruyant, trop imprévisible, me faisait trembler.
Dès l’enfance, je ressentais cette peur constante de l’inconnu, cette crainte des autres, cette anxiété diffuse qui s’est peu à peu transformée en agoraphobie. 
J’ai appris ce « gros » mot suite au diagnostic de mon médecin traitant mais la définition qu’il m’a donnée est que l’agoraphobie est seulement la peur de la foule. J’ai donc dû grandir avec cette croyance.

 


L’adolescence n’a rien arrangé. Ce fut une période compliquée, marquée par l’isolement, l’incompréhension, et le sentiment de ne pas être à sa place. 
Je pensais avoir de vrais amis mais peu à peu ils se retirèrent de cette liste car j’étais une amie différente. Je ne pouvais pas les rejoindre à la plage, au cinéma ou au terrain vague du coin. Pour eux, aller à la plage était aussi simple que de se brosser les dents. Pour moi c’était une épreuve immense. 
Mais malgré tout, je me suis battue. J’ai tenu bon. J’ai puisé dans mes ressources, dans ma détermination à être et devenir une femme « comme » les autres. J’ai travaillé dur, très dur pour ça. 
 

Je suis devenue opticienne, un métier que j’ai choisi, qui semblait me convenir. À cette époque, j’étais convaincu de ne plus être agoraphobe car je n’avais pas le choix que de vaincre mes peurs pour aller travailler, pour m’occuper correctement de mes clients. J’ai toujours pratiqué mon métier avec sérieux, rigueur et bienveillance. Pendant dix ans, j’ai donné le meilleur de moi-même. Dix ans à faire face, à contenir mes angoisses, à répondre présente, chaque jour, même quand tout en moi me criait que j’avais besoin de souffler. Car non, je n’étais pas « plus agoraphobe ». Je vivais toujours bien avec. Pour moi, juste le fait de me dire que j’allais devoir quitter mon appartement, quitter ma safe place, prendre la voiture, attendre de très longues minutes dans les bouchons et devoir être en contact avec plusieurs dizaines de personnes dans la journée était déjà une préparation psychologique énorme. J’étais déjà épuisée alors que la journée avait à peine commencé. Les journées étaient très longues. Jusqu’au jour où mon corps et mon esprit ont dit stop. 
J’ai fait un burn-out. Un véritable effondrement intérieur. 

J’ai cru ne jamais m’en remettre. J’ai donc pris le temps de réfléchir sur la cause de ce burn-out, pourquoi j’en suis arrivée là. Outre le fait que durant ces dix années d’optique je sois tombée sur des responsables toxiques qui n’ont pas aidé à mon bien-être mental, j’ai également compris que c’était lié à mon agoraphobie. Ce rythme de vie était beaucoup trop intense pour moi. 
J’ai l’impression d’avoir subi ces dix années, de ne pas avoir vécu. Tout cela est lié à mes angoisses, ma peur du monde extérieur. 
Mais aujourd’hui, si je suis là, c’est parce que je choisis de ne pas me laisser définir par mes peurs, ni par cette chute. 
J’ai choisi de transformer cette épreuve en force.
Faustine, c’est l’histoire d’une résilience.
Celle d’une femme qui, malgré ses fragilités, a décidé de se relever et de redonner du sens à sa vie. 

Et ce sens s'appelle agorafob.
Faustine GRENIER

Dans la même rubrique :
< >